AXIS VEGA V XS

Pilote : Arnaud

Essai de l’Axis Véga V taille XS (21,51 m²)

 

Merci à Martin, super serviable, pour la logistique et l’envoi de l’aile avant le départ en voyage.

 

PTV : +/- 66 KG

 

Lieu : Dolomites

 

Période : fin sept. / début oct.

 

Conditions : de calmes (matin) à très généreuses (très instables) en passant par « pas encore installées » (encore dans du petit). Pas de journée avec du vent marqué. Pas vraiment pu vérifier le comportement de l’aile sur des Massifs et sites fonctionnant en vent météo (Massif Central, bords de mer…). Une dizaine de vols et une quinzaine d’heures.

 

Sellette : cocon planchette Karpofly Fantom Extralight

 

Conception :

 

On est en Porcher 38 et 32g/m² donc plutôt un bon rapport poids/durabilité. Le suspentage est gainé fin excepté le dernier étage (dyneema, avantage : se démêle très bien car souple et fluide). J’ai l’impression que c’est une tendance retrouvée sur d’autres ailes récentes (Sprint 3). Le profil sharknose est plutôt souple, les joncs ne sont pas très rigides et il n’y a pas de renforts complémentaires mylar. Les joncs sont assez longs et se prolongent sur environ ¼ de la corde de l’aile (cela laisse augurer la technique de pliage).

 

Passées les 1ères heures, le tissu ne montre pas de tendance au craquèlement ou délaminage. L’enduction semble avoir gagnée en souplesse. A priori les bobines qui ont servies à la fabrication sont « du morceau choisi ».

 

La finition est bonne. Certes pas chic/haut de gamme avec des petits liserés de couture, des beaux matériaux (néoprène sur les élévateurs), et tout et tout…mais simple et propre (pas de fils qui dépassent, pas de pièces mal ajustées.

 

Haut dessus de la tête, le profil laisse transparaître quelques plis, mais rien de bien + conséquent que la concurrence.

 

Pour le design, comme d’hab, chacun se fera son idée. Mais le tissu et les coloris sont plutôt chatoyants et j’aime bien le dessin. Bref, une aile qu’on a envie de sortir et d’emmener promener.

 

2 regrets mais qui sont corrigeables moyennant de petites modifs :

 

  • Il n’y a pas d’émerillons anti-torons sur les poignées de freins. A rajouter si vous voulez éviter des drisses torsadées. De même il n’y a pas les crocs fendus sur l’accélérateur. A prévoir, ou a minima, 2 morceaux de suspentes qui serviront de boucles (pour dépanner sur le déco !)

  • Les poignées de pilotages aux « C » sont des sangles prises entre les élévateurs « B » et « C ». Cela bride l’efficacité du dispositif. Il vaudrait mieux des poignées uniquement sur les « C » comme l’Artik (le top du confort) ou l’Alpina. Mais ça ne demande pas le cas échéant un gros travail de couture ou de cordonnerie.

 

 

Au sol :

L’aile allonge à 6.2. A 1 ou 2/10ème de points prêt, rien d’extraordinaire pour une EN-C. Personnellement je trouve les ailes allongées plutôt confortables au sol. La corde moins épaisse provoque moins d’effet spi sur la montée les stabilos temporisent un peu l’écopage et une arrivée (trop) rapide au-dessus de la tête.

Pas vraiment de quoi s’attarder sur le gonflage. RAS. C’est homogène, pas de point dur ni de tendance à accélérer. Ni trop lent ni trop rapide. Bien.

Les commandes sont douces. On a du contact mais sans sensation de dureté. La commande est efficace assez rapidement passé les premiers centimètres de garde. Là où l’action aux freins sur une Spice commence à produire des effets entre…0 et 1 cm ?

On a donc un peu de tolérance sur la gestuelle mais pas non plus besoin de grandes et longues amplitudes avec les bras. Je trouve qu’avoir les mains basses accentue les mauvais réflexes de s’appuyer sur les commandes en cas de déséquilibres du pilote et ne facilite pas les déplacements pour recentrage.

Les quelques fois où le déco était alimenté, je n’ai pas trouvé de velléités du bord de fuite ou des stabilos à vouloir décoller ou se replier. Mais à confirmer sur des sites réputés + venteux.

En l’air :

Axis annonce 11 de finesse. Je n’ai pas d’outils de mesure suffisamment précis. Disons plutôt entre 10 et 11 comme la plupart. La vitesse me semble un peu meilleure que d’autres ailes (Alpina 2, Sigma). Le taux de chute + ou – dans les standards (l’artik 4 et la Spice planent mieux).

Tangage :

Je n’ai pas noté de tendance à buter dans le thermique. L’aile pénètre bien. L’axe de tangage est très ludique. On peut arriver à de belles incidence si on s’en donne la peine sans pour obtenir des attaques franches.

Roulis :

Axe relativement amorti, + que la catégorie. La Véga tourne très bien dès le début du débattement à la commande. Ç’est réactif, ça vire à plat. Pas tout à fait aussi bien qu’une EN-B comme l’Apollo et la Sprint et moins bien que la Spice. Mais mieux que l’Artik, l’Alpina ou la Nyos.

On se surprend assez vite à vouloir faire mumuse. En revanche rien ne sert de tirer fort et loin, le bas de la commande provoque moins d’effet. C’est un peu ce qui lui manquerait à la Véga, d’avoir un virage dosable vers un rayon très serré. Mais là je fais une comparaison avec des ailes de loisirs et de sites, + joueuses.

Pilotage :

Accélérateur : Plutôt gênant pour une aile de vol de distance, l’accélérateur est assez dur. Le 1er barreau va encore, la 2ème devient physique. A vous de voir si vous volez longtemps et souvent accélérer. La vitesse bras hauts me semble déjà intéressante et je ne fais que très rarement de grosses transitions. En revanche si vous avez décidé de ne pas rester scotché face à un vent fort ou de taper un gros glide pour raccrocher une ascendance, vous perdrez en confort de pilotage à maintenir le « poulie à poulie ».

Communication : héhé, c’est amusant comme on reconnait la patte « tchèque ». Les sensations rappellent les Sky et Gradient. La voute a de la cohésion (+ que les autres marques slaves essayées) mais elle est moins monobloc qu’une Skywalk ou Niviuk. On conserve un peu du coup, une transmission assez filtrée par demi-aile mais bien moins marquée que sur la Diamir 1. Le sharknose assoupli et la construction interne font que vous n’aurez pas tout à fait une poutre renifleuse de thermique mais une assistante d’aide à la conduite.

Mais c’est peut-être aussi le prix d’une aile moins énergique et exigeante.

Car avec 6.2 d’allongement on commence à tomber dans le domaine des ailes très typées. Et bien pas + que ça. L’allongement est ici bien maîtrisé. On récupère les bénéfices de pénétration de la masse d’air avec un roulis modéré et…une bonne sécurité ? Vérifions.

J’ai été étonné de la solidité de l’aile en conditions musclées. Pas de fermeture avec pourtant une charge alaire d’environ 3KG/m². Du coup on côtoie sereinement le (gros ? très gros !) nuage. Si vous avez déjà volé sous Sky, vous avez l’impression que dès fois l’aile est en train de pliée et va… et finalement : rien. Fluctuat nec mergitur.

Bon il faut quand même aborder les comportements hors du domaine de vol. Pour l’heure, seul le rapport d’homologation de la taille M est dispo. A le lire, c’est une EN-C cool. A mon avis, la taille XS n’est pas passée aux tests de certification (et ne passera peut-être pas pour raison financière par rapport à la demande, la loi du marché…).

Pour ne pas tricher, plutôt que de les provoquer (il y a des organismes certificateurs pour ça) j’ai repéré quelques combes et ravines inhospitalières ainsi que 2 ou 3 crêtes sous le vent. Verdict : les fermetures ne sont pas très violentes. Sur les frontales et décros, les bouts d’ailes continuent de voler ce qui tempère les angles d’incidence. Les assym’ rouvrent vite et propre (sans cravates).

L’aile étant amortie, elle prévient le pilote dans le laps de temps où la détente se fait sentir et saura (r)éveiller son esprit.

Avis :

Choix délibéré ou savoir-faire inscrit dans les gênes tchèques, la Véga V conserve cette transmission d’informations spécifiques aux ailes de cette nationalité. Pour autant elle n’accordéonne et ne tortillonne pas + que ça et tend tout de même vers une bonne cohésion de la voute.

Effectivement la Véga V n’est pas la plus perf’ pour le vol de distance. Mais il y a des ailes très typées, des ailes de sites/de loisirs qui vous emmèneront en cross et des ailes de cross qui vous permettrons de faire mumuse sur site : la Véga est dans cette dernière catégorie.

L’idée de sacrifier un peu de performance sur l’autel du confort et de la sérénité n’est pas pour me déplaire car je ne pense pas que je me serais autorisé mes mêmes vols avec une aile + technique.

Bon avec les effets d’annonces, on en fini plus d’attendre le tout nouveau jouet qui sera forcément + mieux bien. A l’heure actuelle, la Véga V est une aile que j’envisage sérieusement pour la saison 2017 dans sa version light en taille XXS (et oui ! elle existe aux alentours de 20m² ! c’est suffisamment rare pour être souligné). Plusieurs raisons tenant à ma pratique. Si cela vous permet de vous y retrouver et vous éclairer dans vos futurs choix d’aile…

Vols sur site ou de rando après le boulot, donc quand les conditions et l’agenda (contraintes horaires) ne permettent plus de partir. Alors c’est waggas, reposes, manœuvres…

A la journée : vols dans les environs avec les potes. On va rarement très loin les uns des autres puisque l’idée est de partager de bons moment ensemble.

Le Massif Central est entre le vol de (petite) montagne et le vol de plaine, soumis au vent météo. (J’ajoute qu’on y vole toute l’année grâce à la diversité d’altitude des sites. Heum’, pardon d’en profiter pour faire du prosélytisme pour ma Région.). Il faudrait donc une aile tolérante au déco mais aussi ayant du rendement. Mouton à 5 pattes ?

Mais en mode « vol de distance », de toute façon, quand les conditions sont là, ça marche pour tout le monde. A moins d’être un inconditionnel du vol de distance et de se donner les moyens d’être au bon endroit au bon moment avec la bonne aile.

Quand c’est les vacances, les destinations sont en général les Massifs alpins ou pyrénéens (voir + loin), + généreux et où finalement les qualités de prospection de l’aile me paraissent moins importante que sa capacité à ne pas vous désosser.

Voilà, j’espère ne pas avoir trop parlé de moi.

 

J’ai aimé :

Vitesse bras hauts

Virage

Rapport perf’/sérénité

Polyvalence avec une philosophie 2/3 vol de distance 1/3 vol de site

 

J’aurais aimé :

Des émerillons sur les freins et des crocs fendus sur les drisses d’accélérateur (ça fait tout de même un peu cheap comme économie de bout de chandelle).

Des poignées de pilotage entièrement montées sur les « C »

Un accélérateur moins dur.

Agréablement surpris par le virage, j’en deviens exigeant : un poil de dosage supplémentaire pour faire mieux varier le rayon avec un radius + serré aurait été encore mieux.

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