Pilote : Arnaud
Swing Nyos XS 21m². Mais 2016
Sites : Puy de Dôme et Puy de Saint Sandoux. 8 vols. 5H. Sellette Karpofly Fantom Xtralight “customisée” (planchette)
PTV à 68/69 kg
1er constat : elle est belle. Les couleurs sont éclatantes. Elle attire l’œil et les compliments des pilotes. On relève le soin apporté au choix des
matériaux. Les teintes sont uniformes, l’enduction assez souple, là ou Porcher a d’habitude, des tissus + rigides et surtout réputés pour la stabilité dimensionnelle de leurs trames.
A taille égale ce n’est pas la + légère de la catégorie mais je pense que le poids vient surtout des élévateurs que l’on sent consistants.
D’ailleurs le poste de pilotage est propre et bien fini.
Avec ses grammages intermédiaire, l’aile semble gagner sur les 2 tableaux du light et du traditionnel.
Gonflage : L’aile demande à peine + d’efforts que celles + légères. Elle me rappelle l’Alpina2.
Le choix d’un allongement à 5.8 est intéressant. On conserve une bonne compacité et un écopage d’un seul bloc. Mais si le vent est + soutenu, le
bord de fenêtre est également très efficace avec la prise au vent progressive des caissons.
Pas de grosse tendance à dépasser. Un peu de vigilance et on verra arriver l’éventuel besoin d’une petite tempo.
Les commandes :
Elles sont fermes dès les 1ers centimètres. Le débattement est intermédiaire et elle se pilotera plutôt sur sa 2ème partie pour les virages (pas sur
le tangage).
2 petites barrettes rouges permettent de piloter aux C. Elles extrêmement efficaces. Des ailes essayées, je n’ai pas souvent eu un aussi bon
ressenti. Bien combiné avec les appuis sellettes, on arrive même à tourner très correctement avec.
Les axes :
Le roulis. C’est là à mon avis son point faible. L’aile est plutôt lente à mettre en virage. Moins réactive qu’une Mentor 4 par exemple. Ensuite le
cadencement et les ajustements de cap sont moins intuitif qu’une Sky Apollo. Il est vrai que je ne l’ai pas volé très chargée (PTV qui va de 60 à 82 kg en taille XS 21m²).
En revanche, les inclinaisons étant assez peu prononcées et le radius plutôt important on peu tranquillement enrouler à plat du thermique large.
Mais le noyautage et le waggas, ce ne sont pas ses crédos.
Paradoxalement (peut-être), j’ai trouvé les wings faciles et agréables. Je ne suis pas un cador du pilotage et l’axe de roulis assagi facilite la
synchronisation, allonge la durée où la commande doit être mise, dissipe un peu de l’énergie ce qui évite de se retrouver trop vite et trop fort au dessus de l’aile, permet de bloquer assez
facilement la rotation de l’aile pour axer sa ressource. Et lorsqu’on remet bras hauts, l’aile relance bien.
Et voilà la transition sur l’axe de tangage.
C’est là son énorme point fort. Sur trajectoire la Nyos est rapide, + que beaucoup d’ailes y compris de catégorie C. Vu mes charges alaires et
tailles d’ailes, même sous des parapentes de cross, j’avance comme une B cool. Et là, pour une fois, je fais jeu égal, voir même un peu + rapide que les autres. C’est tout de même plaisant
d’avancer face au vent, de ne pas buter sur un thermique (la Nyos le mord vraiment très bien), de dépasser les copains.
Du coup, l’accélérateur est un peu moins efficace et utile, tellement l’aile est agréable à piloter bras hauts avec les C (si ce n’est que je suis à
bout de bras, petit gabarit oblige).
Sensations/amortissement :
Car la Nyos a un 2nd gros atout. La sérénité qu’elle procure. Je me surprend à voler souvent bras hauts, sans tenir l’aile dans des conditions
printanières orageuses. Pas une fermeture à déplorer. On sent que la masse d’air est tonique et envoi des à-coups de thermiques. L’aile les dissipe. Plutôt que d’avoir des transmissions
d’informations sèches et instantanées, on a quelque chose d’adouci et filtré. Bref, du grand confort.
Sans être une poutre très rigide, la voute est solide et avec de la cohésion. Le feeling sur les indications de thermique est bon sans pour autant
égaler l’Artik 4, la référence en la matière parmi les ailes que je connais.
Sans doute grâce à un gros travail sur la construction interne et d’emploi des technologies du moment (3D cut extrados et intrados, ribs, bandes de
renforts, anneaux de tension sur les freins), si ce n’est le sharknose dont elle s’affranchi.
Cette…«carence ? », pénalise injustement la Nyos. A l’heure de la course à l’armement, le sharknose est tellement bien pénétré l’esprit des pilotes
comme un outil de performance, que dans l’inconscient, ne pas en mettre, c’est avoir des performances modestes. Et pourtant cette technique, peut-être + ou – prononcée (sharknose très marqué ou
pas) et + ou – bien maitrisée. Les bénéfices sont ou pas au rendez-vous.
Et bien, sans Sharknose, la Nyos obtient d’excellentes qualités dynamiques. Comme quoi…
Là où il y aurait pu avoir une amélioration, c’est sur les basses vitesses. Utiles pour les reposes aux décos par exemple. Mais bon, pas facile pour
une aile qui vole vite d’avoir aussi une capacité au vol lent. Cela signifierait de réussir à proposer une grande plage de vitesse. Comme les commandes sont fermes, elles n’incitent pas non plus
à trop descendre les mains. Mais le taux de chute, légèrement + important, permet en soignant son travail près du sol, de reposer les pieds par terre.
Pour le coup c’est un avantage. Mais en l’air ce peut être un manque. Dans le petit, il faut être + attentif et méticuleux pour exploiter
l’ascendance. D’ailleurs ça ne m’a pas valu d’être perché au-dessus des autres malgré une charge alaire qui cette fois m’avantagerait. La flottabilité doit être un peu inférieure aux
autres.
J’ai aimé :
Vitesse
Solidité
Confort
Esthétique
J’aurais bien aimé :
Un virage + réactif et + dosable allant même jusqu’à un roulis + marqué (ceci dit, ce point doit pouvoir s’améliorer pour un pilote qui la volerait
+ chargée, en tout cas, épatant de rentrer une homologation en EN-B pour une 21m² à 82 kg). A noter, je sortais d’un essai d’une aile dont c’était le principal atout et après quelques heures, on
fini par s’habituer.
Une meilleure flottabilité, surtout par rapport à mes pratiques (notamment le vol rando ; après l’effort on a envie de profiter un peu du vol sans
être obligé de trop gratouiller), les périodes (je vole toute l’année ; l’automne, l’hiver sont beaucoup + calmes en l’air), les sites (l’Auvergne a de bons rendements dynamiques ; le thermique
est moins costaud que dans les massifs calcaires et/méridionaux compte tenu de la topographie de notre Massif).
En conclusion :
Une aile très efficace pour voler en conditions établies. Elle permettra au pilote évoluant dans les reliefs alpins caractérisés par une
aérologie généreuse mais aussi parfois exigeante, de voler loin, longtemps et serein. Elle trouvera sans doute aussi son usage sur des sites venteux (crêtes, bords de mer).
Les côtés joueur et ludique ne seront pas ses traits dominants.
Par analogie avec l’automobile, la Nyos a plutôt un caractère de berline allemande.
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